Histoire de vignerons
Celles sur Ource, c’est le village des récoltants-manipulants, comprenez le village des vignerons qui font leur champagne eux-mêmes, avec le seul produit de leurs vignes.
Plus d’une quarantaine de producteurs aujourd’hui
Dès le XVI ème siècle, les vignerons locaux produisaient déjà leur vin, qu’un gourmet (le courtier de l’époque) faisait déguster aux gentilshommes de passage les vins tranquilles alors produits.
C’est la crise de 1929 qui va engendrer le développement du champagne localement.
Après 3 années de très faibles récoltes à cause des gelées de printemps (1926,1927,1928), la récolte 1929 est vendue aux trois quarts en raisins aux grandes maisons de champagne par l’intermédiaire d’un courtier en vin, qui fera faillite.
Les vignerons ne seront jamais payés.
Si bien qu’ils vont décider de champagniser eux-mêmes leur raisins sur place, comme Marcel Tassin et son beau-frère George Carreau, déjà experts en vignification de vins rosés ou blancs, qui champagnisent dès leur récolte 1930.
Celles sur Ource est un village familial, les toponymes actuels sont déjà présents au XVI ème siècle et le savoir-faire va se transmettre rapidement, si bien que la plupart des familles vigneronnes de Celles sur Ource champagnisent elles-mêmes aux lendemains de la seconde guerre mondiale.
C’est cette transmission de savoir-faire que nous utilisons pour préparer nos Champagnes d’aujourd’hui, qu’ils soient d’assemblage de raisins noirs et blancs comme le Brut Tradition, du seul Pinot Noir pour la cuvée Blanc de Noirs, du Pinot Blanc vrai, cépage local devenu rare pour donner une cuvée Blanc de Blancs pleine de finesse.
Et puis il y a le Champagne rosé, de cuvaison, dont la vinification est déjà une fête.
Ne le faites jamais tout seul disait Marcel Tassin car c’est affaire de dégustation.
Pour obtenir le « goût du Rosé », anciens et plus jeunes, du grand-père aux petits-enfants, pressureurs, vendangeurs, tous sont conviés à gouter le vin en fermentation, lors des remontages, et à écouter les précieux conseils des plus initiés.
« Il faut décuver avant demain matin » tranche le grand-père, lui qui avait pratiqué cette méthode de 1922 à 1976.
Car ce goût est éphémère, il dure entre 4 et 12 heures seulement, le décuvage et le pressurage figeront les arômes obtenus.
Et la champagnisation permettra de les sublimer, quand une vingtaine de mois plus tard, les bulles les feront exploser dans votre verre. Ce sera alors à tous de participer à cette fête.